Modérer la croissance incontrôlée de la population, c’est faire preuve de xénophobie ou d’eugénisme. Vous ne savez pas au juste ce que c’est que l’eugénisme ? Rassurez-vous, j’ai moi aussi dû le chercher l’autre jour sur Wikipédia. Selon cette logique, le Conseil fédéral et le Parlement sont xénophobes, car l’immigration de 95 % de la population mondiale – tous ceux qui vivent en dehors de l’espace Schengen – est de plus en plus limitée. Et comme tous les pays, de l’Inde à Israël en passant par l’Australie ou l’Azerbaïdjan, imposent de fortes restrictions à l’immigration, le monde entier semble opprimé par des régimes xénophobes. L’ONU, quant à elle, prône l’eugénisme puisque, depuis 1968, elle considère le planning familial comme un droit fondamental de la personne humaine.

Si nous forçons la nature et repoussons les limites de notre écosystème, nous compromettons notre propre existence biologique.

La croissance de la population en Suisse n'est plus acceptable: Ici un chantier dans la construction à Zurich. (Image: Keystone)

Si cette logique imparable vous échappe, peut-être que Greenpeace, le WWF, le PDC ou PS pourront éclairer votre lanterne ; pour ma part, je n’y comprends rien non plus. Ce que je sais cependant, c’est que, au cours des 12 dernières années, la population mondiale a crû d’un milliard, de 6 à 7 milliards, et que depuis la mise en place de la libre circulation des personnes en Suisse en 2007, notre pays gagne chaque année près de 100’000 habitants en moyenne, soit un taux similaire à celui de l’Inde, pays en développement. Une croissance aussi effrénée détruit le paysage culturel suisse et contribue à la diminution toujours plus rapide des espaces naturels restants sur notre planète. Dans la mesure où, d’ici 15 à 20 ans, bon nombre de ces espaces naturels vont atteindre une taille critique, les scientifiques prévoient une accélération de l’extinction des espèces, qui, comme un jeu de dominos, détruira des pans entiers de la biosphère.

Non seulement notre planète est de plus en plus peuplée, mais des pays tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil connaissent une croissance rapide du niveau de vie par habitant. Dans le même temps, nos organismes d’aide au développement s’efforcent d’améliorer le niveau de vie des habitants les plus pauvres de notre planète. Une augmentation de la consommation par habitant associée à une croissance de la population sur un espace limité : quel est le résultat ? La densification et les progrès de la technique peuvent apporter une aide ponctuelle, mais ils ne résolvent pas le problème d’une croissance sans limites sur un espace fini.

Dans ce contexte, l’initiative d’ECOPOP souhaite contribuer à limiter la croissance de la population mondiale et locale, afin de garantir la qualité de vie à long terme de tous et de préserver l’existence des autres organismes vivant sur notre Terre. Il s’agit peut-être d’une question philosophique de valeurs, mais aussi d’une réflexion simple sur les avantages et les risques : si nous forçons la nature et repoussons les limites de notre écosystème, c’est notre propre existence biologique que nous mettons en danger. Pour faire preuve d’humanisme et garantir un monde vivable aux générations futures, pour prendre véritablement au sérieux les droits de la personne définis par l’ONU, il faut renoncer aux œillères de l’idéologie et soutenir notre initiative.